« Ce n’est pas parce que je suis aphone que je n’ai pas envie de crier » : à Paris, une partie des grévistes rejette la trêve mais redoute les vacances
La décision du syndicat UNSA-Ferroviaire d’une trêve à Noël n’est pas populaire parmi les grévistes mobilisés. Fatigués mais déterminés, ils comptent sur des actions fortes pour faire exister la mobilisation pendant les vacances.
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Les visages sont un peu froissés, les voix s’éraillent. Les blocages des dépôts de bus aux aurores, les AG du matin au soir, les kilomètres à pied ou à vélo pour participer aux actions : deux semaines de grève laissent des traces. « On est super fatigué, on perd notre voix, notre argent, confie Aurélie, salariée à la bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Pompidou à Paris. Mais ce n’est pas parce que je suis aphone que je n’ai pas en vie de crier ! Nous sommes toujours aussi déterminés. »
Comme Aurélie, aucun des grévistes que Le Monde a rencontrés aux premiers jours du conflit n’a raccroché les gants. Si la CGT-Cheminots a appelé à reconduire la grève pendant les fêtes, l’UNSA-Ferrovaire, deuxième syndicat de la SNCF, constatant « une position d’ouverture du gouvernement qui propose, pour la première fois, des avancées notables », a appelé à une trêve pour les fêtes, jeudi 19 décembre. L’idée n’était pas populaire dans les AG parisiennes, vendredi matin. Y compris chez les membres de l’UNSA. « On est autonome, donc nous, on continue, expliquait ainsi Daniel Teirlynck, délégué UNSA Paris sud-est. On ne comprend pas la stratégie de notre bureau fédéral, on n’arrête pas le combat en plein milieu ! »
A gare de Lyon, comme dans les AG de cheminots à Saint-Lazare, gare de l’Est ou Austerlitz, discours et communiqués faisaient primer « la base ». « Je me contrefous de ce que pensent les responsables syndicaux, lançait gare de Lyon, le délégué SUD-Rail Fabien Villedieu. Ce qui m’intéresse c’est ce que pense la base, ce que vous pensez vous, pas celui qui a été dans le bureau du premier ministre ! »
Car il n’y avait pas que la « trêve » de l’UNSA qui faisait l’unanimité contre elle. Beaucoup déploraient aussi l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, UNEF, UNL) à une nouvelle manifestation interprofessionnelle le 9 janvier, dans près de trois semaines. « Le 9 janvier, ça a foutu le bordel !, a ainsi attaqué en assemblée générale Bérenger Cernon, délégué CGT. Y a des choses qui vont se passer avant ! C’est hors de question qu’on fasse une pause jusque-là ! »

« La lutte c’est tous les jours »
« Cette date du 9 janvier, c’est un mépris total pour ceux qui vont perdre de l’énergie et des journées de salaires d’ici là. La lutte c’est tous les jours ! », déplore également Aurélie, la bibliothécaire. Elle, comme d’autres, restera donc mobilisée pendant les fêtes.